Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/275

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diplomatie, vous le savez, ne s’apprend pas : c’est une chose d’instinct… Le cœur est donc pris ?

— En vérité, j’en ai peur, répondit Andrea du ton dont il avait vu au Théâtre-Français Dorante ou Valère répondre à Alceste.

— Vous aime-t-on un peu ?

— Il le faut bien, dit Andrea avec un sourire vainqueur, puisqu’on m’épouse. Mais cependant, n’oublions pas un grand point.

— Lequel ?

— C’est que j’ai été singulièrement aidé dans tout ceci.

— Bah !

— Certainement.

— Par les circonstances ?

— Non, par vous.

— Par moi ? laissez donc, prince, dit Monte-Cristo en appuyant avec affectation sur le titre. Qu’ai-je pu faire pour vous ? Est-ce que votre nom, votre position sociale et votre mérite ne suffisaient point ?

— Non, dit Andrea, non ; et vous avez beau dire, monsieur le comte, je maintiens, moi, que la position d’un homme tel que vous a plus fait que mon nom, ma position sociale et mon mérite.

— Vous vous abusez complètement, monsieur, dit Monte-Cristo, qui sentit l’adresse perfide du jeune homme, et qui comprit la portée de ses paroles ; ma protection ne vous a été acquise qu’après connaissance prise de l’influence et de la fortune de monsieur votre père ; car enfin qui m’a procuré, à moi qui ne vous avais jamais vu, ni vous ni l’illustre auteur de vos jours, le bonheur de votre connaissance ? Ce sont deux de mes bons amis, lord Wilmore et l’abbé Busoni. Qui m’a encouragé, non pas à vous servir de garantie, mais à vous patronner ?