Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/119

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Il y a aujourd’hui dix ans que j’ai sauvé ton père, qui voulait mourir.

Morrel saisit les mains du comte et les baisa ; le comte le laissa faire, comme s’il comprenait que cette adoration lui était due.

— Dans un mois, continua Monte-Cristo, tu auras, sur la table où nous serons assis l’un et l’autre, de bonnes armes et une douce mort ; mais, en revanche, tu me promets d’attendre jusque-là et de vivre ?

— Oh ! à mon tour, s’écria Morrel, je vous le jure !

Monte-Cristo attira le jeune homme sur son cœur, et l’y retint longtemps.

— Et maintenant, lui dit-il, à partir d’aujourd’hui, tu vas venir demeurer chez moi ; tu prendras l’appartement d’Haydée, et ma fille au moins sera remplacée par mon fils.

— Haydée ! dit Morrel ; qu’est devenue Haydée ?

— Elle est partie cette nuit.

— Pour te quitter ?

— Pour m’attendre…

Tiens-toi donc prêt à venir me rejoindre rue des Champs-Élysées, et fais-moi sortir d’ici sans qu’on me voie.

Maximilien baissa la tête, et obéit comme un enfant ou comme un apôtre.