Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/122

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La porte s’ouvrit et se referma.

Mais, avant même que la porte ne fût refermée, la dame s’était écriée :

— Ô Lucien ! ô mon ami !

De sorte que le concierge qui, sans le vouloir, avait entendu cette exclamation, sut alors pour la première fois que son locataire s’appelait Lucien ; mais comme c’était un portier modèle, il se promit de ne pas même le dire à sa femme.

— Eh bien ! qu’y a-t-il, chère amie ? demanda celui dont le trouble ou l’empressement de la dame voilée avait révélé le nom ; parlez, dites.

— Mon ami, puis-je compter sur vous ?

— Certainement, et vous le savez bien.

Mais qu’y a-t-il ?

Votre billet de ce matin m’a jeté dans une perplexité terrible.

Cette précipitation, ce désordre dans votre écriture : voyons, rassurez-moi ou effrayez-moi tout à fait !

— Lucien, un grand événement ! dit la dame en attachant sur Lucien un regard interrogateur ; M. Danglars est parti cette nuit.

— Parti ! M. Danglars parti ! Et où est-il allé ?

— Je l’ignore.

— Comment ! vous l’ignorez ? il est donc parti pour ne plus revenir ?

— Sans doute !

À dix heures du soir, ses chevaux l’ont conduit à la barrière de Charenton ; là, il a trouvé une berline de poste tout attelée ; il est monté dedans avec son valet de chambre, en disant à son cocher qu’il allait à Fontainebleau.