Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Vingt minutes après lui, une voiture s’arrêtait devant l’hôtel ; une femme vêtue de noir ou de bleu foncé, mais toujours enveloppée d’un grand voile, en descendait, passait comme une ombre devant la loge, montait l’escalier sans que l’on entendît craquer une seule marche sous son pied léger.

Jamais il ne lui était arrivé qu’on lui demandât où elle allait.

Son visage, comme celui de l’inconnu, était donc parfaitement étranger aux deux gardiens de la porte, ces concierges modèles, les seuls peut-être, dans l’immense confrérie des portiers de la capitale, capables d’une pareille discrétion.

Il va sans dire qu’elle ne montait pas plus haut que le premier. Elle grattait à une porte d’une façon particulière ; la porte s’ouvrait, puis se refermait hermétiquement, et tout était dit.

Pour quitter l’hôtel, même manœuvre que pour y entrer.

L’inconnue sortait la première, toujours voilée, et remontait dans sa voiture, qui tantôt disparaissait par un bout de la rue, tantôt par l’autre, puis vingt minutes après, l’inconnu sortait à son tour, enfoncé dans sa cravate ou caché par son mouchoir, et disparaissait à son tour.

Le lendemain du jour où le comte de Monte-Cristo avait été rendre visite à Danglars, jour de l’enterrement de Valentine, l’habitant mystérieux entra vers dix heures du matin, au lieu d’entrer, comme d’habitude, vers quatre heures de l’après-midi.

Presque aussitôt, et sans garder l’intervalle ordinaire, une voiture de place arriva, et la dame voilée monta rapidement l’escalier.