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Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/101

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batteries de son fusil en regardant d’un air de menace les contrevents de l’odieuse habitation.

Ces contrevents ne s’étaient point entrouverts, rien n’avait bougé chez le voisin, par l’excellente raison que celui-ci était retourné à la ville, et que c’était là seulement que Marius pouvait le rencontrer ; mais l’humeur batailleuse de M. Coumbes s’accommodait trop peu d’une supposition aussi simple, il préféra de beaucoup se persuader que l’ennemi avait été rendu prudent à la suite de la démarche qu’avait effectuée celui qui composait à la fois son avant-garde, son corps d’armée et sa réserve.

À cette époque de l’année, les semis de ses tomates et de ses pois précoces étant confiés à la terre, il lui restait peu de chose à faire dans son jardin ; mais, en dépit d’une pluie battante, il y demeura toute la journée ; il tenait à ne point abandonner la position.

Son anxiété était vive ; il attendait des nouvelles avec grande impatience, et, le soir, ne voyant pas revenir Marius, il commença de craindre que le cœur n’eût manqué à son champion ; et, comme Millette, non moins inquiète que lui, quoique par suite de motifs bien différents, lui exprimait ses appréhensions, il la rassura en termes peu flatteurs pour celui qu’il préconisait la veille et parut disposé à revenir à son opinion première sur les beaux hommes.