Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/133

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ardente. Elle se nourrissait de songes, et, si creux qu’ils soient, les amours n’ont jamais souffert à ce régime.

D’après les dispositions dans lesquelles Mlle  Riouffe était pour le fils de Millette, celui-ci n’avait qu’à faire un pas en avant pour être plus heureux.

Il n’avait pas la force d’étendre des mains suppliantes vers celle qui lui était si chère, et, dans ses adorations muettes et solitaires, il trouvait d’ineffables jouissances.

Tous ceux qui voudront bien se souvenir d’avoir été jeunes, le comprendront. Que sont nos plaisirs, que sont nos joies de l’âge viril, auprès des délicieuses ivresses de l’adolescence, alors que le cœur cherche à se débarrasser de ses langes, à balbutier son premier cri, alors que le souffle d’une femme, le bruissement de sa robe, un mot, un regard, une fleur échappée de ses doigts, nous ont jetés dans des extases qui seules peuvent donner une idée des jouissances du septième ciel ?

Le parti que M.  Coumbes avait pris d’abandonner son jardin, de passer la plus grande partie de son temps sur la mer, donnait à Marius, lorsqu’il venait au cabanon, une liberté qu’il n’avait pas connue jusqu’alors ; Millette était trop heureuse de l’avoir auprès d’elle, trop occupée des soins domestiques,