Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/137

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l’avait été, en prononçant en faveur de la raison et contre le penchant auquel elle avait cédé ; elle ne parvenait pas à inculquer cette philosophie à son cœur, il saignait. Ses sentiments étaient trop élevés pour qu’elle s’abandonnât à un vulgaire dépit ; mais elle devenait sombre, mélancolique, maladive ; elle avait profité des bonnes dispositions toujours croissantes de son frère pour lui remettre la direction de la maison de commerce, et pour pouvoir passer ses derniers beaux jours à Montredon.

Afin de calmer les insomnies qui la tourmentaient, Madeleine faisait des promenades de plus en plus longues et de plus en plus fréquentes.

Un jour, s’abandonnant à ses pensées, elle avait tourné le cap Croisette et s’était assise toute rêveuse sur une de ces roches que la mer, en se brisant sur leurs flancs, a dentelées comme des guipures.

Son regard allait de cette Méditerranée azurée et pailletée d’or, de ces blocs de pierre beaux dans leur nudité, qu’elle avait devant elle, au ciel profond et morne à force d’être limpide.

Tout à coup, elle crut entendre dans l’éloignement un cri de détresse ; elle se leva, et, s’aidant des mains autant que des pieds, elle parvint à gravir la pointe du rocher qui domine l’extrémité méridionale du cap. Madeleine ne vit rien ; mais d’autres cris, quoi-