Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/136

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terreur. Elle était inquiète de la destinée que le sort réservait au jeune homme ; elle était bouleversée lorsqu’elle songeait qu’il allait être nécessaire qu’elle fît à celui-ci l’aveu de sa situation réelle ; elle craignait que son fils n’eût surpris le secret de ce qu’avaient été les relations de l’ex-portefaix avec sa servante ; elle se sentait rougir et frémir en pensant qu’il lui faudrait avouer à son enfant que cet homme n’était pas son père, lui apprendre le nom et la condition de son mari ; elle commençait à comprendre que, si grands qu’eussent été les torts de ce dernier, sa conduite à elle n’en était pas moins condamnable ; les remords se faisaient jour dans son âme ; elle se demandait si la malédiction de celui auquel elle avait donné le jour n’allait pas lui servir de premier châtiment.

Marius redoutait l’hiver, qui rendrait les apparitions de Mlle Riouffe à son chalet moins fréquentes.

Madeleine, qui, malgré la perspicacité que l’on attribue aux femmes, n’avait rien surpris des sentiments que le jeune homme cachait avec tant de soin, Madeleine éprouvait ce découragement et cette lassitude qui suivent les déceptions ; elle avait échafaudé un roman, et, du héros principal, elle ne pouvait saisir que l’ombre ; elle avait beau traiter cavalièrement ses regrets, se répéter qu’après tout la Providence se montrait plus sage qu’elle-même ne