Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/140

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Elle tendit ses bras vers lui avec un sourire d’une expression indicible.

– Mademoiselle, mademoiselle, vous n’êtes pas blessée ? s’écria Marius pâle et saisissant les deux mains qu’on lui présentait.

Madeleine, encore dominée par son émotion, ne put répondre ; elle secoua la tête négativement et indiqua d’un geste l’homme qui gisait sans mouvement à deux pas d’elle.

L’extérieur de cet homme était si repoussant, que, par un mouvement d’horreur qu’il ne put réprimer, Marius enlaça Madeleine dans ses bras et l’éloigna de l’inconnu.

– Au nom du ciel ! allez à lui, murmura la jeune fille ; je puis me passer de vos secours ; mais, lui, il se meurt peut‑être.

Une prière de Madeleine était un ordre pour Marius.

Il alla au pauvre diable, entrouvrit la blouse qui servait à celui-ci de chemise et de vêtement, posa la main sur son cœur et s’assura qu’il battait encore. Il plongea son chapeau dans une des étroites lagunes du voisinage et en versa quelques gouttes sur le visage de l’inconnu.

La fraîcheur de l’eau ramena quelque couleur sur ses joues livides ; ses lèvres s’entrouvrirent il respira longuement et avec effort.