Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/142

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À mesure que l’intérêt qu’il avait inspiré se dissipait, il apparaissait plus horrible.

– Pauvre homme ! dit Madeleine en cherchant à maîtriser la répulsion qu’elle se sentait pour lui ; que vous est-il donc arrivé ?

– Eh ! tron de l’air ! répondit l’inconnu sans le moindre souci de reconnaissance et en regardant son interlocutrice avec une parfaite insolence, si vous voulez que je parle, il faudrait commencer par m’humecter le parloir.

– Que dit-il ? fit la jeune fille.

Marius n’était pas plus patient que ne le sont ordinairement ses compatriotes ; mais, depuis deux minutes, depuis qu’il avait vu se réaliser ce que jamais il n’avait osé rêver, depuis qu’il sentait le bras de Madeleine sous le sien, le peu qu’il possédait de cette vertu avait diminué de moitié.

– Savez-vous, l’homme, s’écria-t-il, que si vous continuez de la sorte, je vous jette dans ce trou, où, si vous trouvez à boire, vous risquez fort d’apporter à manger aux langoustes ?

Madeleine retint le bras du jeune homme déjà levé, comme si l’effet eût dû suivre immédiatement la menace. En même temps, elle lui adressa un coup d’œil suppliant.

L’homme avait essayé de se soulever pour faire face à son adversaire ; mais, dans son mouvement un