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Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/144

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répliqua l’homme avec un clignement d’œil qui pouvait être un signe de reconnaissance, mais que le jeune homme ne comprit pas ; après ça, continua-t-il, je ne défends pas ma chambre à coucher, et je conviens qu’avec une novi comme celle que vous avez à votre bras, la vôtre doit vous paraître bigrement plus agréable que la mienne.

Madeleine et Marius rougirent simultanément. Depuis que le fils de Millette avait menacé l’inconnu, la jeune fille n’avait point lâché sa main, qu’elle avait saisie ; en entendant ce langage bizarre et grossier, elle s’était serrée contre son protecteur, leurs poitrines se touchaient et sa tête s’appuyait sur l’épaule de Marius ; ils s’écartèrent brusquement l’un de l’autre.

– Eh ! tron de l’air ! s’écria le blessé en remarquant cette pantomime, on dirait que ce mot de novi vous fait peur ; au fait, pour un vieux singe, j’ai exécuté une sotte grimace ; si vous étiez mariés, vous ne vous promèneriez pas en tête-à-tête dans les collines. Mais soyez tranquilles, ajouta-t-il avec un rire ironique et bruyant, je n’ai le droit de me montrer sévère pour aucune espèce de contrebande.

– Finissons-en, répliqua Marius, qui blêmissait de colère. Vous devez comprendre que mademoiselle, pas plus que moi, n’a de liqueur dans sa poche ; le poste des douaniers n’est pas à plus d’un