Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/155

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Son pouls s’accéléra, il battit plus violent et plus précipité.

Le sang afflua à son cerveau ; mille idées incohérentes traversèrent son esprit et y portèrent la confusion.

Dans un attendrissement subit, il était prêt à se jeter à genoux et à remercier Dieu qui lui avait envoyé un bonheur dont jamais il n’aurait osé se croire digne.

Puis ses sens s’enflammèrent à leur tour ; il était pris d’une irrésistible envie de joindre ses lèvres aux lèvres dont il aspirait déjà le souffle tiède et parfumé : la mort dût-elle suivre une telle félicité, la mort serait bénie.

Ensuite, par un revirement subit, il songeait que ce bonheur auprès duquel devait pâlir celui des élus, ne durerait sans doute qu’un instant ; que, dans quelques minutes, lorsque Madeleine pourrait se passer de ses services, ils redeviendraient étrangers l’un à l’autre. Alors à une poignante angoisse succédait une rage furieuse ; il regardait les montagnes et il voulait gravir jusqu’à leur cime, y cacher son trésor et, dans une impénétrable retraite, défier le monde et ses préjugés.

Plusieurs fois déjà Madeleine, qui le sentait haleter, qui craignait que, dans les efforts multipliés qu’il faisait pour triompher des obstacles qu’il rencontrait