Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/156

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à chaque pas, une chute ne lui devînt fatale, l’avait supplié de s’arrêter.

Le jeune homme ne paraissait pas l’entendre. Ils arrivèrent ainsi à la rampe de pierre qui formait le garde-fou de la route et la séparait du précipice ; d’un bond, le jeune homme passa par-dessus, ils se trouvèrent sur le chemin. À l’horizon, Madeleine voyait scintiller les lumières de la ville ; à ses pieds, celles de la Madrague et de Montredon.

Elle crut que Marius allait s’arrêter ; mais, au lieu de suivre la route, Marius la traversa et se lança sur le revers qui faisait face à la mer.

Sa respiration était devenue bruyante comme celle d’un soufflet de forge ; il pressait convulsivement la jeune fille contre sa poitrine, celle-ci sentait les ongles de son compagnon qui entraient dans sa chair à travers ses vêtements.

Elle devina ce qui se passait en lui ; elle essaya de se dégager de cette étreinte ; mais il semblait qu’elle fût enlacée dans des liens de fer.

Quelle que fût sa tendresse pour celui dont elle avait rêvé de faire son mari, elle sentit un frisson courir le long de ses membres et son cœur se glacer d’épouvante.

– Grâce ! grâce, Marius ! s’écria-t-elle.

À cette voix, le jeune homme parut s’éveiller d’un songe ; il lâcha une touffe de sauge qu’il avait saisie