Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/175

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mais il n’y pouvait croire ; il s’attendait à voir un diable grotesque sortir du papier, comme il en sort quelquefois d’une tabatière.

– Ah ! ah ! ah ! c’est trop drôle ! s’écriait M. Coumbes : le fils de ce mauvais gueux de Manas et de Millette, ma servante, – car, après tout, elle n’est que ma servante, – qui croit et prétend épouser une dame à laquelle, quand j’avais son âge, je n’eusse pas osé offrir l’eau bénite au bout de mon doigt ! Eh ! pécaïre ! c’est comme si le maire de Cassis il voulait gouverner Marseille ! Elle se fiche de lui comme un thon d’un fantassin !

Puis, passant à un autre ordre d’idées :

– Le méchant drôle ! ajoutait-il, je comprends pourquoi il voulait mettre des sourdines à mon ressentiment contre cet autre qui m’a fait passer de si mauvaises nuits, pourquoi il se refusait à ce que je le tue, ainsi qu’il l’avait mérité ; il avait déjà jeté son hameçon à cette fille, et celle-ci, gloutonne comme une rascasse, avait sauté hors de l’eau pour attraper le moredu. Quelle jeune personne, mon Dieu ! Pas plus de religion que de bon sens ; ne dirait-on pas que cette lettre a été écrite par une de la place de la Comédie ? Pouah ! Je ne suis plus jeune, mais, je le jure, ce n’est pas moi qui voudrais d’une fille aussi éhontée. Ce n’est peut être pas la femme qui le tente, c’est son cabanon qui le séduit ; il veut être riche,