Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/176

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faire le fier dans ce beau jardin où il y a tant de fleurs, que cela en empeste comme la rage, se moquer à son tour de la pauvre petite bastide dans laquelle ma charité l’éleva. Tron de l’air ! cela ne sera pas, que je le dis ! D’abord, c’est lui rendre service que d’empêcher qu’il croie plus longtemps à cette sottise ; je ne la lui donnerai pas, cette lettre ; il ira au rendez-vous dans le bosquet, ils se rencontreront avec le frère ; et, coquin de sort ! qu’ils se battent, qu’ils se bûchent, qu’ils se cognent, qu’ils s’assomment, qu’ils se tuent ! Eh ! s’il n’y a pas de profit, au moins il n’y aura pas de perte !

Après ce vœu charitable, M.  Coumbes serra la lettre avec ses papiers et appela Marius.

Il ne parut pas remarquer un assez grand embarras qu’accusait la physionomie du jeune homme ; arrivé tout à coup aux hauteurs où planait Machiavel, M.  Coumbes se montra d’une dissimulation parfaite : il fut empressé, cordial envers le fils de Millette, se montra gai, léger même dans ses propos, et fit si bien que Marius, qui tremblait que son sévère parrain n’eût surpris la tentative qu’il avait faite le matin pour avertir Madeleine du contretemps qui l’éloignait pendant la journée, se trouva tout à fait rassuré et lança et retira sa palangrotte sans apporter trop de distractions dans son travail.

Seulement, M.  Coumbes fit en sorte qu’ils ne ren-