Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/193

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sur son front comme pour rappeler ses souvenirs ; et, lorsqu’ils se représentèrent plus clairs et plus lucides à son cerveau, ses larmes s’ouvrirent une nouvelle issue et ses sanglots redoublèrent.

– Vous me désespérez, mère ! s’écria Marius. Il me semble que tout ce qui se passe est un rêve. Je cherche en vain, je ne puis trouver ce qui porte à ce point le désordre dans vos esprits.

– La main de Dieu ! la main de Dieu ! répétait Millette, comme si elle se parlait à elle-même.

– Rappelez votre raison, ma mère, je vous en conjure ! calmez-vous.

– La main de Dieu ! disait encore la pauvre femme.

– Vous voulez donc que je devienne fou à mon tour, fit le jeune homme en s’arrachant les cheveux. Éclaircissez pour moi ce mystère. Pourquoi trembler, mère bien-aimée ? Quelle est cette faute dont vous me parliez tout à l’heure ? Quelle qu’elle soit, j’en supporterai avec vous le fardeau ; s’il y a opprobre, nous le partagerons ensemble et je ne vous bénirai pas moins. Dites, mère, pourquoi étiez-vous à mes genoux, lorsque ce misérable est venu nous interrompre ?

Cette évocation du souvenir du mendiant redoubla les angoisses de Millette ; elle joignit les mains et les