cet homme ? dit Millette d’une voix tremblante.
– Non, mère ; une fois déjà, je l’avais trouvé sur les collines.
Alors Marius raconta à sa mère ce qu’il avait fait pour le mendiant, en lui taisant la part que Mlle Riouffe avait prise à cet acte de charité, et la présence de celle-ci sur le promontoire.
– Pauvre malheureux ! murmura Millette lorsqu’il eut fini.
– Est-ce que vous le connaissez, ma mère ? fit Marius en frissonnant.
La femme de Pierre Manas hésita un instant ; elle rassembla tout son courage, mais elle n’en trouva point assez dans son âme pour triompher de l’horreur que lui causait cet aveu ; elle hocha négativement la tête.
Marius ne pouvait croire qu’un mensonge sortît jamais de la bouche de sa mère ; il soupira longuement comme si son cœur eût été soulagé d’un grand poids.
– Eh bien, tant mieux, dit-il, car ce qui s’est passé aujourd’hui confirme mes soupçons de l’autre jour, et je suis très convaincu qu’en le sauvant j’ai rendu un triste service à la société…
– Marius !
– Que ce prétendu mendiant n’est qu’un bandit…