Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/195

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si modeste et si humble ; il l’avait admirée comme il l’avait imitée dans la résignation stoïque avec laquelle elle se pliait à l’humeur capricieuse de celui qu’il croyait son père, dans la douceur angélique avec laquelle elle supportait les boutades de ce dernier. Millette était pour son fils une sainte digne de la vénération de toute la terre ; il ne pouvait imaginer quelle action pouvait troubler à ce point cette âme jusque-là si calme et si pure.

Mais, devant ce mutisme, lorsqu’il parla du mendiant, lorsqu’il se rappela l’impression violente que l’apparition de celui-ci avait produite sur sa mère, il lui revint en mémoire quelques paroles qui, au milieu de la lutte, étaient parvenues à ses oreilles, et il commença à penser que cet homme pourrait bien être pour quelque chose dans les malheurs qui accablaient Millette, et, par une sorte de pudeur instinctive, il n’essaya plus de l’interroger.

Il s’assit sur le bord du divan, il prit la main de sa mère entre ses mains, et ils demeurèrent, pendant quelques instants, muets tous deux, tous deux immobiles.

Ce fut la pauvre femme qui rompit la première ce silence, qui finissait par lui peser plus encore qu’à Marius.

– Ce n’est donc pas la première fois que tu rencontres