Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/209

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croisée n’avait pas de rideau, Marius avait pu reconnaître que la lumière était portée par un homme ; puis cette lumière avait brillé un instant dans la chambre de Madeleine, où elle s’était éteinte subitement. Tout alors était rentré dans la nuit ; mais de cette chambre sortait comme un murmure confus, comme un bruit étrange qu’il ne pouvait définir.

Tout à coup, un des carreaux de la fenêtre vola en éclats, et au retentissement sinistre du verre qui se brisait, succéda un cri terrible de douleur profonde et d’appel désespéré.

– Madeleine ! ! s’écria Marius en s’élançant hors de sa retraite.

– Grand Dieu ! que se passe-t-il donc ici ? s’écria, de l’autre côté du massif, une voix que le jeune homme reconnut être celle de la jeune fille pour laquelle il tremblait. C’était effectivement Madeleine qui venait de descendre de voiture, qui avait ouvert la grille et qui entrait dans le jardin.

En acquérant la certitude que ce n’était point celle qu’il aimait que le danger menaçait, Marius oublia tout, même ce cri de douleur qui vibrait encore dans l’air ; il courut à elle.

Lorsqu’il entra dans le cercle de lumière blafarde que projetait la lanterne dans les mains du cocher, il était si pâle, ses traits étaient tellement bouleversés, que Madeleine fit un pas en arrière comme pour