Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/21

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quelques tuiles du toit du cabanon, fendu quelques-uns de ses carreaux.

M. Combes lui eût peut-être pardonné tout cela ; mais ce qu’il ne lui pardonnait pas, ce qui le désespérait, c’était l’acharnement avec lequel ce vent maudit semblait décidé à maintenir les deux arpents de jardin à l’état de grève désolée ou de désert aride.

Aussi, dans cette lutte, M.  Coumbes se montrait-il plus opiniâtre que ne l’était son adversaire. Il fouillait, il fumait, il ensemençait péniblement et laborieusement son terrain huit, neuf et jusqu’à dix fois par an. Aussitôt que la graine de salade avait nuancé la plate bande de légers festons verts ; aussitôt que les pois montraient leurs lobes jaunâtres, dans lesquels une feuille se détachait comme une émeraude dans le chaton d’or d’une bague, le mistral, à son tour, commençait son œuvre. Il s’acharnait après les malheureuses plantes ; il desséchait jusque dans leurs racines la sève qui commençait à circuler dans leurs frêles tissus ; il les recouvrait d’une épaisse couche de sable brûlant et, lorsque cela ne suffisait pas à les faire rentrer dans les limbes, il les balayait chez les voisins avec la poussière qu’il charrie ordinairement dans ses fureurs.

M. Coumbes donnait un jour à son désespoir, à ses lamentations.