Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/214

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Et, appuyant sa main sur le front du bandit, il lui renversa la tête en arrière de façon à le dégager de l’ombre portée par lui-même et à y laisser tomber la faible clarté des étoiles.

Il regarda longuement cette face hideuse, rendue plus hideuse encore par la terreur qui, malgré sa forfanterie affectée, faisait palpiter le cœur du misérable, puis, à la suite de cet examen, il demeura quelques instants abîmé dans sa douleur, comme si, sa raison se refusant à admettre ce que lui certifiaient ses yeux, il pouvait douter encore. Alors il poussa un soupir plus effrayant par les tortures intérieures qu’il révélait que ne l’avaient été les cris de mort dont le chalet venait de retentir ; puis, ses muscles se détendant d’eux-mêmes, ses mains s’ouvrirent, et son corps, comme s’il eût été mû par une force automatique, s’éloigna du corps qu’il comprimait.

En effet, cet homme, c’était le mendiant des collines, c’était Pierre Manas, c’était son père !

Celui-ci ne se sentit pas plus tôt dégagé de l’étreinte dont il avait appris à connaître la puissance, qu’il fut debout et prêt à s’enfuir.

– Coquin de sort ! dit-il attribuant ce répit au coup de couteau qu’il avait lancé à son adversaire ; j’ai parlé trop tôt, et ce ne sera point pour cette fois-ci. Il paraît que le coupe-sifflet a porté dans les œuvres vives et que la main du vieil homme ne