Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/215

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tremble pas plus de loin que de près. Bonsoir, mon petit pichon ! bien des choses à M. le commissaire et à MM. les gendarmes, si vous demeurez en ce monde ; mes compliments au monsieur du chalet, là bas, si vous passez dans l’autre ; quant à moi, je vais me donner de l’air.

– Ne fuyez pas, lui répondit Marius, dont la parole était saccadée et tremblante comme l’est celle d’un fiévreux dans ses plus violents accès ; ne fuyez pas ! Soyez tranquille, ce n’est pas moi qui vous livrerai.

– Bonne couleur, mais pas assez foncée, cependant, pour qu’un vieux cheval de retour comme moi s’y laisse prendre. Adieu, mon pichon ! bonne santé que je te souhaite. Raisonnablement, je devrais donner une camarade à la saignée que je t’ai faite tout à l’heure et ne te quitter que lorsque ta langue serait guérie de la démangeaison de jaspiner ; mais, si on n’est pas bien mis, on est honnête homme. Tu m’as rendu service l’autre nuit, sur la côte ; je t’épargne, nous sommes quittes, et je ne te force pas à me dire au revoir.

– Oh ! tuez-moi ! tuez-moi ! s’écria Marius avec exaltation et en enfonçant ses mains crispées dans ses cheveux ; débarrassez-moi de cette existence qui m’est odieuse, et je vous bénirai, et mon dernier soupir sera un souhait de bonheur pour vous.