Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/217

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de ma pauvre personne, c’est un peu bien périlleux.

Et, sans attendre la réponse de Marius, Pierre Manas s’assit derrière un rocher et fit signe au jeune homme de l’imiter ; mais Marius resta debout et garda le silence.

– Eh bien ! que voulez-vous, tron de l’air ? demanda le bandit. Vous êtes le contraire du petit tambour de Cassis, auquel il fallait donner deux sous pour qu’il frappât sur sa peau d’âne et quatre sous pour le faire taire. Vous aviez envie de jaser : je consens à vous laisser jouer du chiffon rouge, et maintenant vous voilà muet comme une sardine.

– Pierre Manas, dit Marius en cherchant à dominer son émotion, écoutez moi.

Le mendiant tressaillit et fixa sur Marius des yeux qui étincelèrent dans l’ombre comme deux charbons.

– Vous savez mon nom ? murmura-t-il d’une voix sourde et menaçante.

– Pierre Manas, reprit le jeune homme, vous avez été mauvais mari et mauvais père, vous avez abandonné votre femme et votre enfant.

– Coquin de sort ! s’écria le mendiant, voudrais-tu me confesser, par hasard ?

Et il éclata d’un rire cynique.

Marius continua :