Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/216

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Le mendiant s’arrêta étonné ; il y avait un tel accent de vérité dans la voix de Marius, qu’il était impossible de concevoir le moindre doute.

– Pécaïre ! s’écria le bandit ; mais que se passe-t-il donc dans ta cervelle ? Coquin de sort ! je crois que, pendant la poursuite que tu m’as donnée, la boussole elle s’est détraquée dans son habitacle ; mais ce ne sont point mes affaires. Je vois là-bas des lumières qui s’agitent ; l’air de la côte n’est pas sain pour moi, cette nuit. Bonsoir, l’homme !

– Vous ne vous en irez pas, cependant, avant de m’avoir entendu ! dit Marius en se dressant à côté du bandit et en lui saisissant le bras.

Celui-ci fit un mouvement violent pour se dégager ; mais le jeune homme lui tordit la main avec une force qui devait prouver à son adversaire que la blessure qu’il avait reçue n’avait rien enlevé de sa vigueur à celui qui l’avait si ardemment poursuivi ; il étouffa un cri arraché par la douleur et se courba vers la terre pour y échapper.

– Tron de l’air ! voilà une poigne qui fait honneur à celui auquel vous la devez, jeune homme… Voyons, lâchez-moi, je ferai ce que vous voudrez. J’ai toujours entendu dire qu’aux enfants et aux fous, il ne fallait rien refuser… Seulement, nous nous baisserons un peu, s’il vous plaît ; car, rester debout sur la côte, quand tant de chiens de chasse sont en quête