Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/228

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et, en effet, ce dénouement servait sa haine invétérée contre la maison Riouffe ; puis ce dénouement chatouillait encore agréablement son amour-propre. Si enfantines que fussent les combinaisons, quelle que fût la part à attribuer au hasard dans leur agencement, M. Coumbes n’était pas moins satisfait de la profondeur machiavélique avec laquelle il avait tissé sa trame et dissimulé la lettre de Madeleine ; il s’était cru naguère un matamore, maintenant il se considérait comme un rival des Talleyrand et des Metternich ; sa vanité, trompée par ses échecs horticoles, faisait flèche de toutes les brindilles qui lui tombaient sous la main.

Mais, comme chacun sait, un triomphe n’est complet qu’à la condition qu’on en jouisse en personne. S’étant formulé à lui-même cet axiome, M. Coumbes avait renoncé, pour ce soir-là, à placer ses engins dans la mer et avait décidé qu’il serait spectateur invisible, sinon désintéressé, de la scène qu’il prévoyait et qu’il avait si habilement provoquée.

Lorsque tout le monde le croyait en mer, il avait, au contraire, escaladé une pointe de rocher d’où il pouvait dominer l’enclos de son ennemi, et il avait attendu avec cette patience dont vingt ans d’exercice dans l’art de la pêche à la ligne lui avaient assuré l’heureux privilège.

Ce ne fut cependant pas dans ce poste que commença