Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/234

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poursuivi, redoubla d’efforts, et, l’agitation de sa course augmentant encore son égarement, il toucha sa porte avec cette ivresse du naufragé qui rencontre le salut quand il n’attendait plus que la mort. Il en franchit le seuil et la ferma avec violence au nez des douaniers, qui allongeaient déjà la main pour le saisir. Un coup de pied jeta bas ce trop fragile rempart, et les agents de la force publique mirent la main sur le collet de l’ex-portefaix, au moment où celui-ci trébuchait en se heurtant au pied de l’échelle que Marius avait appuyée contre la muraille. Au contact des mains brutales qui l’arrêtaient dans sa course, M. Coumbes perdit le peu de raison que le vertige lui avait laissé. Il se jeta aux genoux des douaniers, et, joignant les mains, il s’écria :

– Grâce ! grâce, messieurs ! je vous dirai tout et je dénoncerai l’assassin.

Il n’en fallait pas davantage. Du doute, ceux qui l’arrêtaient passèrent à la certitude. Malgré les cris, les protestations de M. Coumbes, on lui lia les mains. Sur ce, tous les voisins accoururent ; parmi eux se trouvaient des habitués du café Bonneveine, où M. Coumbes avait semé ses plus redondantes forfanteries. Aussi la réponse invariable de ceux-ci, lorsqu’on leur apprenait que M. Coumbes avait tué M. Jean Riouffe, était-elle : « Cela ne nous étonne pas ; nous savions bien que l’histoire finirait de la sorte. »