Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/251

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M. Coumbes se seraient chargés de les lever. Il est avéré, mademoiselle, que celui que vous avez aimé s’est rendu coupable de la tentative d’assassinat qui, peut-être, vous privera d’un frère que, lui aussi, vous devez chérir.

Le juge avait appuyé sur ces derniers mots.

Mais Madeleine resta impassible.

– Je vais vous paraître une jeune fille bien étrange, monsieur ; mais, au risque d’encourir votre blâme, je ne courberai pas la tête, certaine que je suis que, plus tard, votre estime me dédommagera de l’erreur où elle pourrait s’égarer en ce moment. En aimant celui dont nous parlons, je n’ai point cédé à un frivole caprice ; il ne m’a pas davantage séduite, Dieu merci. Livrée de bonne heure à moi-même, j’avais de bonne heure appris que tout est sérieux dans la vie. Je l’ai choisi librement, volontairement ; j’ai longtemps réfléchi à ce que j’allais faire, et, pour que je le regrettasse, il faudrait toute autre chose que les suppositions sur lesquelles, sans doute, se base votre accusation. Quant à votre dernière phrase, je vous dirai que, si j’ai quitté le lit de douleur où mon devoir m’attache, c’est que mon frère lui-même, s’il eût pu parler, m’eût dit, touchât-il au moment de notre séparation éternelle : « Va sauver un innocent ! »

– Un innocent ! reprit le magistrat.