Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/259

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Lorsqu’elle se réveilla, les rayons de l’aube, reflétés par les sommets blancs des collines de Marchia-Veyre glissaient à travers les carreaux et éclairaient d’une lueur pâle la pièce dans laquelle elle se trouvait. Le premier objet que son regard distingua dans l’ombre fut la veste que son fils avait, la veille, emportée à la pêche et qu’en rentrant il avait jetée sur une chaise. Alors elle se rappela.

Elle entendit la voix de M. Coumbes qui accusait son enfant ; puis celui-ci s’accusant lui-même. Elle revit les groupes compacts des curieux, le magistrat, les gendarmes ; et la réalité, c’est-à-dire l’arrestation de Marius, se présenta pour la première fois nette et lucide à son esprit.

Elle se précipita sur le pauvre vêtement, témoin muet qui lui prouvait que ce drame n’était point un songe. Elle le serra sur sa poitrine ; elle le couvrit de baisers frénétiques, comme si elle eût cherché dans son épais tissu quelques effluves de celui qui l’avait porté. Elle éclata en sanglots convulsifs, saccadés, inarticulés, à la suite desquels quelques larmes rafraîchirent ses prunelles injectées de sang. Tout à coup, la pauvre mère rejeta sa précieuse relique et s’élança au dehors.

Elle avait réfléchi qu’on ne lui refuserait pas, sans doute, d’embrasser son fils, si coupable qu’il fût. Elle mit une demi-heure à peine à franchir le trajet