Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/276

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sa première pensée fut que Marius était en prison. Peut-être l’heure était-elle venue où cette prison se fût ouverte pour elle ; peut-être cette heure-là l’appelait-elle sans qu’elle pût en profiter.

Malgré les ténèbres qui l’entouraient, son instinct la conduisit à la porte ; elle essaya d’en ébranler les ais massifs, elle meurtrit ses mains et ses pieds sur le bois, elle y déchira ses ongles, appelant Marius d’une voix désespérée.

Mais Pierre Manas n’avait point en vain compté sur la solidité et la discrétion du caveau, qui lui répondait de celle dont un mot pouvait le perdre.

La porte tint bon contre les efforts furieux de la pauvre femme, et ses cris se perdirent dans le silence de mort qui régnait autour d’elle.

Alors elle tomba dans un de ces accès de rage qui côtoient la folie. Elle se roula sur la terre, elle s’arracha les cheveux, elle se meurtrit la poitrine, elle se heurta la tête à la muraille. Tantôt elle prononçait le nom de Marius, prenant le ciel à témoin que ce n’était point sa faute si elle n’était pas auprès de lui, tantôt implorant son bourreau avec un accent lamentable et le conjurant de lui rendre son fils.

Enfin, épuisée, brisée, anéantie, elle resta étendue sur la terre, son désespoir ne se révélant plus que par ses sanglots, qui eux-mêmes se perdirent dans un hoquet douloureux.