Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/282

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– Je ne te parlerai plus du sacrifice de ta vie, Pierre ; ces choses-là, une mère les rêve. Non, j’étais folle, vois-tu ; cette arrestation, ce cachot où est enfermé Marius, tout cela m’a fait perdre la tête. Je pensais que, comme je le ferais, moi, à ta place, tu serais heureux de sauver ton fils au prix de ton sang. Il ne faut pas m’en vouloir ; j’avais oublié qu’une mère aime à sa façon et un père à la sienne ; mais à ton tour promets-moi une chose, Pierre, c’est que tu ne m’enterreras pas dans ce caveau, c’est que j’en sortirai vivante ?

– Ah ! tu as peur, il me semble ; tu faisais tant la brave tantôt !

– Oh ! oui, j’ai peur ; mais pas pour moi, je te le jure ; j’ai peur pour lui, pauvre enfant. Pense donc, Pierre, si j’étais morte, il ne lui resterait personne pour le consoler, pour partager ses douleurs, pour lui aider à porter le poids de ses chaînes. Oh ! je t’en conjure, Pierre, ne prive pas notre enfant de la tendresse de sa mère, dont il a grand besoin maintenant. Laisse-moi retourner près de lui.

– Te laisser aller, toi, pour que tu me dénonces et qu’une fois que l’on tiendra Pierre Manas, dont tu ne dois pas être fâchée de te débarrasser, tu te moques de lui avec le petit ? Allons donc, tu me prends pour un autre, ma bonne.

– Par la croix de notre Sauveur, sur la tête de