Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/289

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– Eh bien, répondit Millette, je suis prête à te suivre et à faire ce que tu m’as demandé.

Pierre Manas fit un mouvement de surprise : il croyait avoir à vaincre une dernière résistance. Comment Millette, sous sa demande à peu près innocente, n’avait-elle pas deviné le véritable projet, qui n’avait rien d’innocent ? Le bandit, ne pouvant croire à la simplicité, croyait à la dissimulation.

Millette lui inspira donc une profonde méfiance.

– Ah ! ah ! dit-il, la girouette a tourné, à ce qu’il paraît ?

– Mais non, répondit simplement Millette ; ne t’ai-je pas dit que j’étais prête à faire ce que tu me demandais ?

– Alors, partons, dit brutalement Pierre Manas.

D’un seul élan la pauvre femme fut hors du caveau. Au transport qu’elle mettait à fuir sa prison, on comprenait combien était puissant en elle le souvenir des dangers qu’elle y avait courus. Pierre Manas l’arrêta brusquement en saisissant sa robe. La secousse fut si violente, que Millette tomba sur ses genoux.

– Oh ! pas si vite, pas si vite, dit-il ; voilà une précipitation de mauvais augure, par ma foi : tu me ferais croire que tu as hâte d’être dehors pour crier : « À la garde ! » afin que quatre hommes et un caporal te débarrassent de ton cher époux. Eh ! eh ! je ne