Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/290

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sais, mais tu me donnes envie de me passer de ta société, si agréable qu’elle soit.

– Je te jure, Pierre !… s’empressa de dire la pauvre femme.

– Ne jure pas ; interrompit Pierre Manas : voici qui me répond mieux de toi que tous tes serments.

Et Millette sentit la pointe froide et aiguë d’un couteau-poignard que le misérable appuyait sur sa poitrine.

– Vois-tu, dit Pierre Manas, moi, je ne fais pas de traîtrise ; mais il faut que tu saches aussi que je n’en souffre pas. Lorsque nous serons dans la rue, pousse un cri, dis un mot, fais un geste qui ne me convienne pas, et voici Saigne-à-mort qui fera à l’instant même sa besogne. Ça vaut la peine qu’on y pense, n’est-ce pas ? Penses-y donc, je t’y invite, et, pour mieux te prouver tout le prix que j’attache à ce que tu suives mes avis, je vais prendre une petite précaution qui ne te laissera point exposée aux tentations auxquelles, en ta qualité de femme, tu ne saurais peut-être pas résister.

Pierre Manas éteignit sa lanterne et la mit dans sa poche ; puis il assujettit fortement un bandeau sur les yeux de sa femme, en ayant soin de rabattre les brides de son bonnet de manière à masquer la partie supérieure de son visage ; ensuite, il plaça le bras de