Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/32

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Un des matelots de ses adversaires avait raconté, quelques instants avant la lutte, comment, se trouvant à Londres, il avait vu pendre une femme. Il avait donné là-dessus des détails qui avaient passionné l’auditoire.

Pierre Manas était pris d’un désir féroce de voir, en réalité, ce dont il ne connaissait que le séduisant tableau.

De la pensée à l’exécution, il n’y eut qu’une minute d’intervalle.

Il chercha un marteau, un clou, une corde.

Lorsqu’il les eut trouvés, il ne chercha plus rien : potence et accessoire, il avait sous la main tout ce qu’il lui fallait. Sa pauvre femme ne comprenait pas, et regardait le futur bourreau avec des yeux étonnés, se demandant quelle nouvelle lubie lui avait passé par la tête.

Pierre Manas, qui, malgré son ivresse, avait gardé mémoire de toutes les circonstances du récit, tenait à faire les choses dans les règles.

Il commença par poser son propre bonnet sur la tête de sa femme et le lui rabattit jusqu’au menton. Il trouva que le matelot n’avait rien exagéré, que c’était effectivement fort comique et se prit à rire d’un rire expansif et joyeux.

Complètement rassurée par la gaieté de son mari,