Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/33

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Millette ne fit aucune difficulté pour se laisser lier les mains derrière le dos.

Elle ne se rendit compte des intentions de Pierre Manas que lorsqu’elle sentit le froid du chanvre sur son cou.

Elle poussa un cri horrible, en appelant au secours, mais tout dormait dans la maison. D’ailleurs, Pierre Manas avait habitué ses voisins aux cris de détresse de la malheureuse.

En ce moment le jeune portefaix qui, depuis quelques temps, passait non seulement les dimanches, mais encore toutes les soirées à la campagne, rentrait chez lui.

Le cri de Millette avait quelque chose de si funèbre, de si déchirant, qu’il sentit un frisson passer par tout son corps, et que ses cheveux se dressèrent sur sa tête. Il monta rapidement les vingt-cinq marches qui le séparaient du galetas du maçon et, d’un coup de pied, il enfonça la porte.

Pierre Manas venait d’accrocher sa femme à un clou ; la pauvre créature se débattait déjà dans les premières convulsions de l’agonie.

M. Coumbes – car c’était lui, nous l’avons déjà dit, du reste, qui était le voisin honnête et laborieux – se précipita au secours de la pauvre victime, et, avant que l’ivrogne fût revenu de l’étonnement que