Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/49

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reprises de la négligence qu’elle avait apportée, disait-il, à la confection de quelque plat, l’attribua aux distractions que lui causait celui que, par anticipation, il nommait le garnement, et, en même temps, dans sa logique, il exerça une surveillance de tous les instants sur sa bourse ; il croyait impossible qu’avec des yeux comme ceux qu’il possédait, ce jeune homme ne la lui dérobât pas quelque jour.

Il résultait de ces dispositions de M.  Coumbes que Millette était obligée de se cacher pour embrasser son enfant. Celui-ci ne paraissait point s’en apercevoir. Il avait dans l’âme la noblesse innée, l’élévation de sentiments qui caractérisaient sa mère.

Millette lui avait laissé ignorer le passé ; elle ne lui avait rien raconté de sa triste histoire, mais sans cesse elle lui répétait qu’il devait aimer et vénérer celui qu’elle ne nommait jamais autrement que leur bienfaiteur ; et l’enfant s’était efforcé de manifester la reconnaissance qui débordait de son cœur, et qu’il eût éprouvée quand bien même M.  Coumbes n’y eût eu d’autres titres que l’affection qu’il avait su inspirer à une mère que Marius chérissait si tendrement.

En grandissant, Marius, s’il continua de se montrer plein de soins et d’attentions vis-à-vis de M.  Coumbes, y joignit encore une patience sans bornes et toute pleine de respect. Il était évident que, dans sa