Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/48

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Sans éprouver d’aversion pour Marius, M.  Coumbes ne l’aimait point. Il était parfaitement incapable d’apprécier les joies de la maternité ; mais il chiffrait trop bien pour ne pas en mesurer les charges.

Millette sacrifiait pour l’éducation de son enfant les modestes gages que M.  Coumbes lui soldait aussi strictement que si son chant ne l’eût pas enthousiasmé quelquefois, et M.  Coumbes plaignait la pauvre femme, déplorait les sacrifices qu’elle était obligée de s’imposer pour laisser apprendre l’A B C à ce petit drôle, et les allégeait généreusement par l’économique compassion qu’il lui témoignait, compassion qui ne s’exprimait pas seulement en condoléances, mais encore en rebuffades à l’adresse du petit garçon.

Lorsque ce dernier eut grandi, ce fut bien une autre affaire ! M.  Coumbes avait inventé, pour sa consolation personnelle, un axiome que nous recommandons à tous ceux que la sincérité du miroir désoblige : il prétendait qu’un joli garçon est nécessairement un mauvais sujet ; et Marius devenait décidément un joli garçon.

Le sourcil de M.  Coumbes se fronça de plus en plus en le regardant. Il gourmanda Millette de ce qu’elle montrait une tendresse folle pour son enfant, prétendant que son engouement pour lui la détournait de ses devoirs domestiques. Il se plaignit à plusieurs