Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/54

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cette terre et allait y faire construire une villa à l’image de la sienne.

M. Coumbes fut assez indifférent à cette nouvelle. Il n’était pas misanthrope par parti pris de misanthropie. Il avait accepté la solitude plutôt qu’il ne l’avait cherchée ; la société de ses semblables n’avait rien qui l’attirât, quoique cependant il n’en fût point arrivé à la fuir.

Toutefois, il ne tarda pas à en sentir les inconvénients. Dès le lendemain, les maçons creusèrent un fossé le long du treillage qui séparait les deux habitations.

M. Coumbes renouvela ses interrogations, et il lui fut répondu que son futur voisin ne jugeait pas que des roseaux fussent une clôture suffisante, et comptait, pour ce qui le regardait, les remplacer par un vaste parallélogramme de pierre.

L’indifférence de M.  Coumbes prit, sur ces mots, la tournure d’une contrariété. Il réfléchit que ces inutiles fortifications allaient lui faire perdre la vue de la mer et du cap Croisette, et, à l’instant même, il s’éprit follement de leurs beautés. Puis, cette construction humiliait la sienne. Ses roseaux allaient faire une bien piteuse figure auprès du beau mur de son voisin. Son cabanon, mis en comparaison avec une villa, allait considérablement déchoir dans l’opinion publique. Cette dernière considération était si