Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fois il se sentit mordu au cœur par une pensée envieuse. Mais il se hâta de la repousser. Si le cabanon du voisin devait être le plus grandiose, le sien resterait le plus coquet de Montredon. Avait-il jamais envié, lorsqu’il manœuvrait sa jolie péniche, la belle frégate du roi qu’il voyait couvrant la mer de l’ombre de ses voiles ?

Il ne dégagea pas si bien son cœur de ces mauvaises idées, qu’il n’éprouvât cependant un secret sentiment de joie, lorsqu’il remarqua que la charpente de la maison de son voisin était lourde et massive ; qu’elle débordait de plusieurs pieds les pignons qui la supportaient, et qu’elle déshonorait enfin, par son défaut de proportions, l’édifice qu’elle devait recouvrir. Mais les couvreurs, les menuisiers et les peintres arrivèrent : – ceux-là apportant des tuiles d’une forme nouvelle ; ceux-ci posant à tous les étages des balcons si délicatement ouvragés, qu’ils ressemblaient à de la dentelle ; les troisièmes peignant les murs en planches de sapin richement veinées, et ils firent si bien que, peu à peu, l’harmonie reparut dans la construction, et qu’elle prit une tournure un peu rustique, mais des plus élégantes. C’était un chalet, et les chalets, alors peu communs, étaient fort admirés.

Nous ne jurerions pas cependant que l’admiration fût le sentiment que celui-ci excita chez M. Coumbes.