Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/69

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le jour n’améliora pas complètement sa situation. Ses damnés voisins ne semblaient point décidés à prendre du repos, et le charivari, pour diminuer, ne s’éteignit pas tout à fait ; si les chants cessèrent, si le charivari s’apaisa, les cris et les rires n’en continuèrent pas moins.

En outre, en se collant contre son carreau, il sembla à M. Coumbes qu’une sentinelle placée sur le balcon guettait le moment où il sortirait de la maison. Il en résulta que, pour ne point s’exposer aux quolibets de la bande, et bien qu’il eût projeté une superbe partie de pêche à Carri, il demeura tout le jour enfermé dans sa demeure, sans oser prendre l’air à la porte, sans oser entrouvrir sa fenêtre.

Le soir, l’orgie recommença chez ses voisins, et ce fut une nuit blanche comme la précédente chez M. Coumbes. Il comprit alors ce que le maire de Bonneveine lui avait donné à entendre, qu’il avait affaire à une bande de joyeux viveurs qui avaient voulu se moquer de lui. Il le comprit d’autant mieux que, placé derrière son rideau, il avait reconnu parmi une troupe de jolies grisettes, regardant le cabanon d’un air moqueur, l’infortunée dont le supplice lui avait, la veille, procuré de si profondes émotions.

Mais ces hommes eussent été les successeurs de Gaspard de Besse ou de Mandrin, que M. Coumbes