Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/70

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ne se serait pas senti contre eux le quart de la haine qu’il éprouvait en ce moment.

Nous avons dit combien son bonheur était complet, absolu, et cela nous dispense de faire le tableau de son désespoir lorsqu’il le vit tomber de si haut. On le comprend aisément. Les promenades que, pendant toute cette journée, il fit en long et en large dans son cabanon, doublèrent son agitation. Il passa toute la nuit à ruminer des projets de vengeance féroce, et il devança à Marseille l’hôte du chalet, qui devait retourner à la ville, le lundi, selon la coutume invariable de ceux des Marseillais qui n’ont pas fixé leurs pénates aux champs.

Il revint le soir chez lui, muni d’un bon fusil à deux coups qu’il avait acheté chez Zaoué, et le lendemain, M. Riouffe recevait d’un huissier une assignation d’avoir à éloigner des murs de son voisin les cyprès qu’il n’avait pas placés à la distance légale. Ce fut le premier acte d’hostilité que la colère avait suggéré à M. Coumbes.

Le droit était pour lui ; il gagna son procès. Mais l’avoué de son adversaire le prévint obligeamment que son client en appelait, et était décidé à mener si loin la procédure, que, lorsque M. Coumbes aurait raison de son obstination, les cyprès seraient si vieux que le comité pour la conservation des