Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vivement leurs âmes dans l’espoir de trouver un vengeur ; son amour-propre se résigna à passer par les fourches caudines. Il se laissa choir sur une chaise avec tous les signes d’un véritable abattement.

– Mes enfants, leur dit-il, à quoi me servirait de vous raconter ce que j’ai, puisque vous ne sauriez y porter remède ? Tout ce que je puis vous apprendre, c’est que, si cela dure, bientôt vous verrez les pénitents dans cette maison.

– Ah ! mon Dieu, s’écria Millette le visage baigné de larmes, comme si déjà elle eût vu le cadavre de M.  Coumbes sur la funèbre cendre.

– Oh ! ce n’est pas possible, fit de son côté Marius, frappé à la fois par la douleur de sa mère et par cette affreuse prédiction de celui qu’il considérait, qu’il aimait comme son père.

– Mes enfants, continua M.  Coumbes, j’ai tant de chagrin, que je sens bien que le jour n’est pas loin où j’aurai reçu ma paye en ce monde et où il me faudra m’embaucher avec le grand patron qui est là-haut.

– Ce chagrin, qui le cause ? dit Marius, les yeux étincelants, la bouche frémissante.

– Mais, ajouta M.  Coumbes en évitant de répondre à cette interruption, avant d’être jeté dehors comme une coque d’oursin, je veux vous faire mes dernières recommandations.

Les sanglots de Millette redoublèrent et couvrirent