Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/78

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les paroles du maître du cabanon. La voix de Marius domina sanglots et recommandations ; il s’élança vers M. Coumbes et, avec ce dévouement qui, chez les gens du Midi, emprunte toujours quelque chose à la colère, il lui dit :

– Vous n’avez point de recommandations à me faire, mon père ; si c’était celle d’être honnête et laborieux, votre exemple a suffi depuis longtemps pour m’apprendre que c’était le devoir d’un honnête homme. Quant à aimer ma mère, elle serait une sainte du bon Dieu, que mon cœur ne saurait lui donner plus qu’il ne lui donne. Si c’est de conserver votre mémoire, de garder votre souvenir, c’est présumer trop peu de ma reconnaissance. Avec ma mère, qui donc chérirai-je, qui donc vénérerai-je, si ce n’était celui qui a pris soin de mon enfance ? Ce qu’il faut nous dire, ce sont les causes de ce chagrin que nous ignorons, les raisons de ces sinistres pressentiments que rien ne justifie. Pourquoi ne comptez-vous pas davantage sur nous, parrain ? Si quelque mal vous afflige, veuillez nous le dire ! Fallût-il aller à la Sainte-Beaume à genoux, pour demander à Dieu qu’il vous rende la santé, ma mère et moi, nous sommes prêts.

En écoutant Marius, M. Coumbes se trouvait en proie à un attendrissement qui chez lui était rare. L’enfant de Millette commençait à triompher des