Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tombée de ses lèvres, qu’il la regretta amèrement. La jeune fille était devenue pâle comme une morte, ses larges paupières s’étaient lentement abaissées sur ses yeux et les avaient voilés un instant comme pour en dissimuler l’expression. Elle se leva, et, s’appuyant de la main sur son bureau, recueillant ses forces pour rester maîtresse de son émotion :

– Monsieur lui dit-elle, quoi que soit ce que vous venez demander à M. Riouffe, vous pouvez d’avance être certain qu’il y répondra avec honneur. Veuillez me laisser votre nom, m’indiquer l’heure à laquelle vous voudrez bien vous donner la peine de repasser, afin que vous soyez certain de ne point faire une démarche inutile.

Marius demeurait tout étourdi. La douleur qui perçait dans les paroles de la jeune fille le touchait, mais sa résignation fière et courageuse faisait sur lui une impression bien plus vive encore.

– Mademoiselle, répondit-il avec une humilité respectueuse à cette dernière question, veuillez dire à M. Riouffe que je viens de la part de M. Coumbes et que je me représenterai demain.

– De M. Coumbes ? de M. Coumbes qui habite à Montredon une maisonnette à côté du chalet que mon frère y a fait construire ? s’écria mademoiselle Riouffe en s’élançant vers la porte, qui jusqu’alors était restée ouverte et en la fermant avec vivacité.