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LE MAITRE D’ARMES

sur Smolensk ; là, ils vont se réunir pour fermer à la France l’entrée de la Russie.

Aussitôt les ordres sont donnés en conséquence : Davoust s’emparera du Borysthène, et, avec le roi de Westphalie qui rient d’être mis sous ses ordres, essayera de gagner du chemin sur Bagration, en arrivant a Minsk avant lui ; Murat, Oudinot et Ney poursuivent Barclay de Tolly ; et lui, Napoléon, avec son armée d’élite, avec l’armée d’Italie, l’armée bavaroise, la garde impériale, les Polonais, cent cinquante mille hommes enfin, passera entre les deux corps, et fera une pointe rapide, prêt à se réunir, ou à Davoust ou à Murat, soit qu’ils aient besoin de secours pour ne pas être vaincus, soit qu’ils aient besoin d’aide pour achever de vaincre.

Une querelle de préséance entre Davoust et le roi de Westphalie laisse une issue à Bagration ; Davoust ne l’en rejoint pas moins à Mohilev, mais ce qui devait être une bataille n’est qu’un combat ; cependant, le but est en partie atteint, Bagration est détourné de sa roule, et il est forcé de faire un grand détour pour gagner Smolensk.

A l’aile gauche, même chose arrive à Murat, il est enfin parvenu à joindre Barclay de Tolly, et chaque jour il y a quelque affaire entre l’arrière-garde russe et l’avant-garde française : c’est Subervic et sa cavalerie légère qui sabrent les Russes sur la Visna, et leur font deux cents prisonniers ; c’est Montbrun et son artillerie mitraillant la division du général Korf, qui essaye en vain de couper un pont derrière elle ; c’est Sébastiani qui arrive à Vidzi, d’où l’empereur Alexandre est parti seulement la veille.

Barclay de Tolly prend alors la résolution d’attendre les Français dans le camp retranché de Drissa, où il espère que le rejoindra Bagration ; mais, au bout de trois ou quatre jours, il apprend l’échec du prince russe et la pointe faite par Napoléon. S’il ne se hâte, les Français seront avant lui à Vitepsk ; aussi, l’ordre du départ est donné, et l’armée russe, après cette halte d’un moment, se remet de nouveau en retraite.

Quant à Napoléon, il est parti de Vilna le 16, le 17 il est à Swenirioni, le 18 à Klupokoé. C’est là qu’il apprend que Barclay a abandonné son camp de Drissa ; il le croyait déjà à Vitepsk ; peut-être lui resto-t-il le temps d’y arriver avant