Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/149

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Celui qui doit être vendu vivant ou conservé pour le repeuplement de l’étang est transvasé dans des réservoirs.

Celui qui est condamné à mort est tout simplement étendu sur la prairie.

Le même jour, il sera vendu.

Au fur et à mesure que le poisson abonde, les cris de joie des spectateurs augmentent.

Car ces spectateurs-là ne sont pas comme les spectateurs de nos théâtres.

Ils ne viennent point pour refouler leurs sensations et avoir le bon goût de paraître indifférents.

Non, ils viennent pour s’amuser, et, à chaque belle tanche, à chaque belle carpe, à chaque beau brochet, ils applaudissent bravement, franchement, joyeusement.

De même que, dans une revue bien ordonnée, chaque corps défile l’un après l’autre et se présente selon son poids, si la chose peut se dire, légers tirailleurs en tête, dragons respectables au centre, pesants cuirassiers et lourds artilleurs en queue, ainsi défilent les différentes espèces de poissons.

Les plus petits, c’est-à-dire les plus faibles, les premiers.

Les plus gros, c’est-à-dire les plus forts, les derniers.

Enfin, à un moment donné, l’eau semble se tarir.

Le passage est littéralement obstrué par la réserve, c’est-à-dire par tous les gros bonnets de l’étang.

Les ramasseurs luttent avec de véritables monstres.

C’est le dénouement.

C’est l’heure des applaudissements, c’est le moment des bravos !

Enfin, le spectacle terminé, on va voir les acteurs.

Les acteurs sont en train de se pâmer sur l’herbe de la prairie.