Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/217

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mecter tes réponses pour leur donner plus grande facilité à sortir. D’abord, qu’est-ce que c’est qu’un grison ? J’avais cru jusqu’ici que c’était tout simplement un âne.

– Âne toi-même, ami Thibault, dit François en riant de l’ignorance du sabotier ; non : un grison, c’est un laquais à livrée, que l’on revêt momentanément d’une redingote grise, afin que la livrée ne soit pas reconnue, tandis qu’il fait sentinelle derrière une colonne ou qu’il monte la garde dans le renfoncement d’une porte.

– De sorte que, dans ce moment-ci, tu es de faction, mon pauvre François ? Et qui doit venir te relever ?

– Champagne, celui qui est au service de la comtesse de Mont-Gobert.

– Bon ! je comprends. Ton maître, le seigneur de Vauparfond, est amoureux de la comtesse de Mont-Gobert. Tu attends ici une lettre de la dame que doit t’apporter Champagne.

Optimè ! comme dit le professeur du jeune frère de M. Raoul.

– C’est un heureux gaillard que le seigneur Raoul !

– Mais oui, dit François en se rengorgeant.

– Peste ! la belle créature que la comtesse !

– Tu la connais ?

– Je l’ai vue courir la chasse avec monseigneur le duc d’Orléans et madame de Montesson.

– Mon ami, tu sauras qu’on ne dit pas courir la chasse, mais courre la chasse.

– Oh ! dit Thibault, je n’y regarde pas de si près. À la santé du seigneur Raoul !

Au moment où François reposait son verre sur la table, il poussa une exclamation.

Il venait d’apercevoir Champagne.

On ouvrit la fenêtre et l’on appela le troisième compagnon.