Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/231

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il n’avait plus qu’à rendre à sa monture son libre arbitre.

C’est ce qu’il fit en lui lâchant de nouveau les rênes.

Le cheval suivit au grand trot les murs du parc, marchant dans la terre labourée et se gardant de hennir, comme s’il eût deviné, l’intelligent animal, qu’il ne devait faire aucun bruit, ou plutôt le moins de bruit possible.

Il parcourut ainsi toute une face du mur du parc, puis tourna avec ce mur, et s’arrêta devant une petite brèche.

– Bon ! dit Thibault, c’est sans doute par ici que nous allons passer.

Le cheval flaira la brèche et gratta du pied la terre.

C’était répondre catégoriquement. Thibault lui lâcha la bride, et, au milieu des pierres roulant sous ses pieds, l’animal parvint à escalader la brèche.

Cheval et cavalier étaient dans le parc.

Il y avait déjà une des trois choses embarrassantes heureusement accomplie. Thibault était passé par où il savait.

Restait à trouver la personne qu’il savait.

Il s’en rapporta encore à son cheval pour cela.

Au bout de cinq minutes, le cheval s’arrêtait à cent pas du château, devant la porte d’une de ces petites chaumières en terre glaise et en bois grume que l’on établit dans les parcs pour faire ce que l’on appelle, en termes de peinture, fabrique dans le paysage.

Au bruit des pas du cheval, la porte s’était entrouverte et le cheval s’arrêtait à cette porte.

Une gentille chambrière sortit.

– C’est vous, monsieur Raoul ? dit-elle à voix basse.