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On ne peut rêver des choses dont on n’a jamais eu l’idée.

Les deux fenêtres de cette chambre étaient fermées par de doubles rideaux.

Les premiers, de taffetas blanc garni de dentelles.

Les seconds, de satin de Chine bleu clair, brodés de fleurs d’argent.

Le lit et la toilette étaient drapés de même étoffe que les deux fenêtres, et à peu près perdus dans des flots de valenciennes.

Les murailles étaient couvertes d’une première tenture de taffetas rose très clair, sur laquelle pendait, bouillonnée à gros plis, une mousseline des Indes, fine comme de l’air tissé, et qui, au moindre vent venant de la porte, frissonnait comme une vapeur.

Le plafond se composait d’un médaillon peint par Boucher et représentant la toilette de Vénus.

Ces Amours recevaient des mains de leur mère les différentes pièces qui composent une armure féminine ; seulement, comme toutes les pièces de l’armure étaient aux mains des Amours, Vénus était complètement désarmée, à l’exception de la ceinture.

Ce médaillon était supporté par des caissons renfermant des vues supposées de Gnide, de Paphos et d’Amathonte.

Les meubles, chaises, fauteuils, causeuses, vis-à-vis, étaient recouverts en satin de Chine pareil aux rideaux.

Le tapis, d’un fond vert d’eau très clair, était parsemé, à grande distance les uns des autres, de bouquets de bluets, de pavots roses et de marguerites blanches.

Les tables étaient en bois de rose.

Les encoignures en laque de Coromandel.

Tout cela était mollement éclairé par six bougies de cire rose posées dans deux candélabres.