Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/239

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– Oh ! si ! parlons-en ; comment supposez-vous, comtesse, qu’attendu par vous, c’est-à-dire par le diamant des diamants, j’aille m’amuser à ramasser sur la route une fausse perle ?

– Eh ! mon Dieu ! les hommes sont si capricieux, et Lisette est si jolie !

– Non ; comprenez donc, chère Jane, que cette fille étant notre confidente, que cette fille sachant tous nos secrets, je ne puis point la traiter comme une servante.

– Comme c’est gracieux à se dire : « Je trompe la comtesse de Mont-Gobert et je suis le rival de M. Cramoisi ! »

– C’est bien, on ne s’arrêtera plus dans les corridors et l’on n’embrassera plus Lisette, en supposant qu’on l’ait embrassée.

– Oh ! cela n’est rien encore.

– Comment ! j’ai commis quelque chose de plus grave ?

– D’où reveniez-vous l’autre nuit, quand on vous a rencontré sur la route d’Erneville à Villers-Cotterêts ?

– Comment ! on m’a rencontré sur la route ?

– Sur la route d’Erneville ; d’où veniez-vous ?

– Je venais de la pêche.

– Comment ! de la pêche ?

– Oui, l’on pêchait dans les étangs du Berval.

– Oh ! l’on sait cela, vous êtes un grand pêcheur, monsieur. Et quelle anguille rapportiez-vous dans votre filet, monsieur, revenant de la pêche à deux heures du matin ?

– J’avais dîné chez mon ami le seigneur Jean.

– À la tour de Vez ? Je crois plutôt que vous étiez allé consoler la belle recluse que, prétend-on, le jaloux louvetier tient prisonnière. Mais enfin, cela, je vous le pardonne encore.

– Comment ! j’ai fait pis que cela ? dit Thibault,