Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/261

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– Voulez-vous que je vous dise ce qui s’y est passé ?

– À l’heure que vous indiquez ?

– À l’heure que j’indique.

– Dites, fit laconiquement la comtesse.

Thibault fut aussi laconique que celle qui l’interrogeait.

– M. Raoul est entré par cette porte, dit-il en montrant celle du corridor, et Lisette l’a laissé seul. Vous êtes entrée par celle-ci, continua-t-il en montrant la porte du cabinet de toilette, et vous l’avez trouvé à genoux. Vous aviez les cheveux dénoués et retenus par trois épingles de diamant, une robe de chambre de taffetas rose garnie de guipure, des bas de soie roses, des mules de drap d’argent et un fil de perles autour du cou.

– La toilette est parfaitement exacte, dit la comtesse ; continuez.

– Vous avez cherché trois querelles à M. Raoul : la première, sur ce qu’il s’arrêtait dans les corridors à embrasser votre femme de chambre ; la seconde, sur ce qu’il avait été rencontré à minuit sur la route d’Erneville à Villers-Cotterêts ; la troisième, sur ce qu’au bal du château, où vous n’étiez pas, il avait dansé quatre contredanses avec madame de Bonneuil.

– Continuez.

– À chacune de ces querelles, votre amant vous a donné des raisons, bonnes ou mauvaises : vous les avez trouvées bonnes puisque vous lui pardonniez quand Lisette est entrée tout effarée en criant à votre amant de fuir, attendu que votre mari venait de rentrer.

– Allons, vous êtes véritablement le démon, comme disait Lisette, fit la comtesse avec un sinistre éclat de rire, et je vois que nous pourrons faire des affaires ensemble… Achevez.

– Alors, vous et votre femme de chambre, avez